La première ballade, dès mon arrivée , sera pour la rivière Findhorn et ses forêts. C’est un endroit que j’adore, avec de grands arbres majestueux et des sous-bois de contes de fées, des zones d’eau tumultueuses et d’autres calmes et tranquilles…
Le printemps arrive tout juste, les feuilles sortent timidement au soleil, et la splendeur du couvert végétal n’est pas encore à son apogée. Mais cela reste un endroit magnifique, qui invite à la marche autant qu’à la méditation. Les jonquilles n’ont pas fini de fleurir, et les myrtilles de l’été à venir sont déja en préparation. En réalité, il y a là deux rivières : la rivière Findhorn, qui se jette dans la baie , et son affluente la rivière Divie célèbre pour ses sautes d’humeurs et ses « chaos rocheux ». Je récolte de nouveaux bourgeons pour mes extraits, et je découvre avec étonnement l’endroit légendaire appelé « Randolph’s Leap ». L’histoire raconte que le jeune héritier d’un Clan local aurait échappé à ses poursuivants, sauvant sa vie de justesse par un saut légendaire au dessus des chaos rocheux de la rivière Divie. Mon corps réagit extrêmement fort lorsque nous approchons de cette zone : comme si un radar s’était déclenché en moi. Je ne le savais pas, mais j’ai découvert plus tard par d’autres discussions que cet endroit est connu depuis toujours pour être un haut lieu vibratoire…comme une porte, un passage. Je n’ai pas pris de photos, sur le moment je n’y ai pas pensé. Je n’aurais peut-être pas l’occasion de retourner au bord de la Divie avant mon départ, pour voir les hêtres centenaires avec leurs feuilles, mais je me souviendrai toujours de ce moment , de joie et de légèreté vibrante, et de mon ventre qui gargouillait pendant plus d’une heure :)
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C’est avec émotion que je reprends le train pour rejoindre le village de Findhorn, sur la cote Nord de l’Ecosse, où j’arrive enfin le 20 avril. C’était un peu le but de tout ce voyage en fait. Lorsque je découvre le charmant Green Cottage que j’ai eu la chance de pouvoir louer (sans avoir vu une seule photo), je me sens tout de suite chez moi. Je retrouve les sensations et la Joie inexplicable ressentie ici l’été dernier. Comme l’impression d’être au Pays où on arrive jamais… Ma nouvelle demeure est située dans le village de pêcheurs, à 10min à pied de la plage. On y accède par une ruelle fleurie. Chaque maison a son petit jardinet à l’arrière, où il est possible de s’installer au soleil (quand il ne pleut pas). A l’intérieur, la forme allongée de la maison, la profondeur des pièces de plein pied, et le grand salon avec sa cheminée me séduisent tout de suite. On sent qu’on est connecté à la terre. Et de fait, l’isolation du sol laisse à désirer. (Le chauffage aussi, d’autant que je paie la note…Note pour plus tard : PAS de chauffage électrique.) Mais ça me va. Pour 2 semaines je m’organise avec des habits chauds et des bouillottes lorsque je m’installe au bureau à l’étage. Depuis les fenêtres du bureau, je peux voir le ciel et les traînées de nuages chassées par le vent, les toits d’ardoises des maisons voisines et un cerisier en fleurs. Les cris des mouettes répondent aux chant des oiseaux du jardin. La lumière change toutes les 5 min, et il pleut inévitablement plusieurs fois par jour. Qu’est-ce que je me sens bien ! Il y a vraiment quelque chose de spécial dans ce bout du monde. L’énergie des forêts est toute proche. Les jardins sont magnifiques, mais je sens que c’est bien plus que cela. Est-ce à cause de l’écosystème lagunaire de la Baie et de son ambiance de havre ? Comme une « qualité d’espace » unique ? Une vibration ? Une lumière ? C’est impossible à décrire, mais je le sens très fort et je savoure… Quelques jours après mon arrivée, je suis invitée à une soirée d’anniversaire organisée à l’EcoVillage de Findhorn où vit James (à 25 min à pied de mon cottage). Je prends le temps d’y aller avec une émotion et une joie intense à chaque pas : je reconnaîs chaque arbre, chaque maison….je sais où sont certaines plantes comestibles…C’est complètement surréaliste, j’ai l’impression d’être partie hier. L’invitation précisait « Hinterland », au bord de l’éco village. Je découvre un bel espace dans la forêt de bouleaux, dédié aux temps collectif. Il y a là un cercle de bancs pour 20-30 personnes, couvert par un toit en charpente massive, (bâti par les gens de l’éco village avec les troncs d’arbres couchés par une tempête), et un autre cercle pour faire un feu. Une tente a été rajoutée pour abriter un buffet gourmand, bio, délicieux, avec plein de plantes sauvages comestibles et des trucs sans gluten (on est à Findhorn, normal quoi). Je m’éclipse un moment pour le rituel « hot tub » du samedi soir. (J’y reviendrai dans un prochain post). A mon retour au coin du feu, je retrouve avec joie Sarah, avec qui j’avais gardé des liens d’amitié depuis l’an dernier. Nous prévoyons d’autres moments à venir ensemble... Musique, temps de rituel, fumée du feu, enfants et chiens qui jouent, conversations chaleureuses. Je me sens à ma place. C’est une belle façon d’être de retour ici. Deux jours après, j’organise à mon tour un anniversaire surprise pour James en invitant quelques uns de ses amis au cottage. La soirée est un moment de grace et de partages profonds. Je me suis fait plaisir en cuisinant le dîner et en décorant le salon. Avec le pôele à bois qui ronronne et de jolies bougies, je me sens vraiment hôtesse des lieux, heureuse de recevoir, dans une énergie de Reine que je n’ai pas connue depuis très longtemps. C’est clair, le processus de deuil et d'acceptation continue pour moi. Je me sens vraiment prête à quitter et à vendre l’appartement de Lyon. L’expérience de ce cottage me montre que je peux être très heureuse dans un tout autre contexte. J’aspire à un changement radical à mon retour en France. Il est temps pour moi de tourner la page et de chercher un nouveau lieu de vie, qui ne serait pas en ville et qui me permettrait de vivre cette même joie vibrante de connexion au monde. Quelques jours plus tard, j’ai sorti mon carnet pour peindre l’ambiance symbolique et la lumière de la forêt de bouleaux. A suivre ! Je reprends le train (encore plus chargée), par un matin gris. Il vient de neiger la veille sur les collines. J’admire le sucre glace qui vient égayer les paysages, encore frileusement cantonnés aux tons bruns et ocres. Ici le printemps n’est pas encore arrivé. Ma prochaine étape se nomme Aviemore. C’est une petite ville sur la ligne de train, au coeur du massif des Cairngorms. Ces montagnes glacières, basses et arrondies comme des collines, culminent à 1300m d’altitude. Oui, bon, d’accord, on est loin des sommets alpins. Mais cette zone complètement sauvage au coeur des Highlands abrite un plateau de toundra arctique et son microclimat froid a permis la réimplantation des rennes domestiques venus de Norvège. Par ailleurs, Aviemore est LA (seule ?) station de ski d’Ecosse. J’y ai loué un Airbnb bien mignon, pour une semaine de randonnées et découverte. Mon ami James vient m’y retrouver pour la fin du séjour. The « Bird House » (La maison des oiseaux) est bien nommée : grace aux mangeoires du jardin abondamment fournies, je peux admirer les habitants locaux dès le petit déjeuner. De façon générale, l’Ecosse est un paradis pour les oiseaux. Je n’en ai plus vu autant en France depuis longtemps, même en forêt. Ici, les gens apprécient et connaissent vraiment les oiseaux sauvages. J’ai l’impression que cette culture ornithologique nationale va de paire avec de vraies mesures de protection. Ou peut-être tout simplement la biodiversité est elle encore un peu préservée ? Je me prends vite au jeu local de « quel est cet oiseau ?». Rouges-gorges, merles, différentes mésanges, pinsons, bouvreuils, étourneaux, grives, tourterelles etc sont omniprésents dans le paysage musical et visuel des journées. Mais grace à James, je découvre les habitants de la rivière Spey : «oystercatchers» (huîtriers?) blancs et noirs, avec leur joli bec rouge et leur démarche comique, plusieurs eiders, des oies migratrices, des vols de bécassines, et même quelques «mergansers » (élégante variété de canards protégée). Décidément, j’adore ce pays ! Juste derrière la maison des oiseaux, à deux pas du jardin, commence le pays des bouleaux argentés. La lumière est magnifique…Non loin de là, la célèbre rivière Spey traverse Aviemore et son golf (oui, bien sur, il y a des golfs partout ici). Sa couleur rouge est due à la tourbe des collines, et n’altère en rien la pureté et la potabilité de l’eau. Au contraire : cette eau est célèbre dans l’univers du whisky pour les grandes distilleries qui en font leur « cru ». Et puis, comme il pleut aussi certains jours, je ne peux pas m’empêcher d’aller jouer dans les boutiques. Promis, cette fois je n’ai rien acheté, juste essayé des chapeaux. Mais lorsque les nuages se dissipent, le paysage devient étonnamment méditerrannéen. Nous partons pour une longue journée de 12 miles (19 km…ce n’est pas énorme, mais pour mon genou c’est déja bien). Nous traversons des forêts de pins et des plages de sables qui pourraient très bien être en Corse !
J’arrive chez Pamela de nuit, après une longue journée de train. Je suis toujours aussi chargée, et très émue de son accueil chaleureux : j’ai l’impression que nous nous sommes quittées la veille. C’est une joie pour moi de vivre cette amitié et cette complicité si forte depuis un an, alors que nous étions initialement de simples connaissances professionnelles. Encore en convalescence après une lourde opération, elle apprécie ma présence pour prendre soin du jardin et varier les menus en cuisine. Nous avons beaucoup à partager, et nous ne nous ennuyons pas une seconde. Stirling est une charmante petite ville, très verte, au coeur du pays (elle fait un triangle avec Glasgow et Édimbourg). C’est l’ancienne capitale des rois d’Ecosse. Dominée par la colline du chateau fortifié, elle est marquée par un prestigieux patrimoine historique. Les maisons de maîtres en granit massif sont tout à fait classiques ici, avec leurs jardins fleuris. La maison de mon amie Pamela, est située à 10 min à pied de l’immense parc du golf royal , qui s’étend jusqu’au pied du chateau. J’adore cet endroit : on peut y faire de longues marches, ou juste venir admirer la vue sur les Highlands. Les arbres sont magnifiques et commencent à peine à sortir leurs feuilles. C’est la semaine idéale pour récolter des bourgeons frais et faire mes propres extraits de gemmothérapie. Grace à l’enthousiasme passionnné et aux conseils de mon amie Camille, je me lance dans l’aventure ! Une bouteille de vodka, un flacon de glycérine, quelques bocaux vides, beaucoup de patience pour la récolte, et le tour est joué.Cette année j’expérimente : bouleau, framboisiers, ronces, aubépines et hêtres. Saurez-vous les reconnaître sur les photos ci-dessous ? :). A suivre dans trois semaines pour l’étape de filtration… Donald, le compagnon de Pamela nous rejoint pour le Week-end de Pâques, et nous visitons le site symbolique des « Kelpies ». Les kelpies sont des chevaux légendaires, bien présent dans le folklore écossais. Ces élémentaires de l’eau protègent les Lochs, mais sont aussi connus pour jouer de mauvais tours aux humains et chercher à les entraîner dans les profondeurs. Deux statues géantes en métal leur sont dédiées, dressées entre l’ancien canal de navigation fluviale qui reliait Glasgow et Édimbourg au temps de la révolution industrielle, et un site pétrochimique moderne ! Les industriels ont financés ces oeuvres d’art en mécénat, ainsi qu’un parc autour d’une zone humide. Cette tentative de redorer le blason local est plutôt réussie. Les statues sont vraiment impressionnantes et attirent leur quota de visiteurs, qui découvrent à l’occasion l’histoire du lieu et profitent des bords du canal. (C’est plus fort que moi, mon oeil traine partout sur les bourgeons. Il y a une telle abondance et une telle diversité. Je pourrais faire 2 fois plus de récolte, mais je suis raisonnable, je me freine pour ne pas avoir à porter trop de bocaux.) Nous flattons le museau des Kelpies une dernière fois avant de rentrer au chaud regarder un passionnant documentaire sur les Orcades. Les fabuleuses découvertes archéologiques de cette dernière décennie excitent tellement les archéologues, qu’ils parlent d’une « Égypte de l’Europe néolithique » ( Promis, je vous en dirai plus bientôt).
A suivre… Je suis aux anges. Le printemps ici, c’est une explosion de fleurs et de verdure.. Le jardin de Pitt Farm fait mon bonheur. Je goûte la complicité de plus en plus dense et fluide avec Judith et Alaric. Nous nous sommes vus 3 fois en moins d’un an, leur hospitalité est une bénédiction. Leur fille Georgia, venue nous rejoindre pour un week-end, partage avec nous son expérience du yoga à Bali. Georgia est médecin, et nous découvrons au hasard d’une conversation que nous suivons en ce moment des formations convergentes autour de l’accompagnement par l’approche polyvagale. De beaux échanges et un clin d’œil de la vie pour moi. Première balade dans les forêts du Devon, c’est le début de jonquilles sauvages, qui s’étendent en tapis à perte de vue. Mais les jonquilles, ça ne se mange pas. Contrairement à l’ail des ours que je découvre dans les sous-bois. Je pensais avoir « loupé la fenêtre » en quittant Lyon , mais non : il y en a aussi outre-Manche ! Nous ramassons de quoi faire un bon pesto ( mais évidemment à ce moment là, j’avais les mains trop prises pour penser à faire une photo :) Lors de mon passage, Judith et Alaric signent enfin le compromis de vente de leur maison. Pour célébrer l’heureuse clôture d’un long processus et honorer les années vécues dans ce magnifique domaine, nous décidons avec Judith de créer une œuvre architecturale unique sur la base de la recette des « cheese scones ». C’est l’occasion pour moi de réviser mes classiques avec gourmandise. Dernier jour, dernière balade… Cette fois nous partons pour une boucle de 9 miles sur les collines de Dartmoor. Le temps est magnifique (premier léger coup de soleil de l’année), et je respire à plein poumon avec le chant des alouettes.
Au cours de la randonnée, nous traversons un cercle de pierres datant du néolithique. Je pense au Cercle des Callanish Stones sur l’île de Lewis. Oui, décidément, il y a toujours quelque chose de spécial pour moi avec ces hauts lieux. Sur la lande, et dans les combes de Dartmoor la végétation est en retard : les chatons de saule commencent à peine à sortir. Je quitte Pitt Farm avec émotion… je sais que je ne reviendrai pas. Cela fait résonner la perspective prochaine de la vente de l’appartement à Lyon. Moi aussi je vais devoir bientôt déménager. Mais je sais aussi qu’une autre maison attend Judith et Alaric, et que nos aventures communes ne sont pas terminées. Quel sera mon prochain lieu de vie ? Je me sens plus riche et sereine de nos échanges, de ce processus de deuil, d’évolution et de célébration que nous avons partagé. A suivre… J’ai entendu l’appel pendant l’hiver cet hiver, alors que je passais une bonne partie de mon temps à peindre dans la cuisine de l’appartement, en hibernation. Malgré tous les paramètres matériels, financiers, familiaux, professionnels qui semblaient m’inviter plutôt à rester raisonnablement à Lyon, j’entendais un élan intérieur plus fort que tout qui parlait de repartir. Lorsque j’ai cherché à préciser l’intention, le message est resté assez flou . Ca disait : « vivre l’Ecosse au printemps » (?!!).
Bon. Ben…alors, « je réserve mon billet d’Eurostar ! » Et c’est comme ça que je suis repartie en Ecosse pour 2 mois… Chargée comme une mule (mon genou tient le coup), je commence par une chaleureuse soirée parisienne en famille. Merci Mathilde, Baatiz, Céline et Aude pour ces moments partagés. Après la Manche, je traverse Londres sans encombres, et j’arrive le soir-même chez Judith et Alaric, dans le Devon. A suivre… |
Un Oiseau Bleu au printempsCette fois, j'ai choisi de retourner en Ecosse pour savourer le printemps. ArchivesCatégories |